
Retraite silencieuse de pleine conscience et neurosciences : une expérience de 10 jours
Pourquoi faire une retraite silencieuse de pleine conscience ?
Chez Euthymia, nous organisons des retraites silencieuses de 10 jours deux fois par an. Ces retraites offrent une occasion précieuse d’approfondir sa pratique de la pleine conscience. Mais quel est l’intérêt réel de passer 10 jours en retraite? Comment cela influence-t-il concrètement notre expérience méditative? Voici quelques réponses apportées par les neurosciences lors d’une étude organisée par l’Inserm.
La recherche scientifique en neurosciences pendant les retraites
Entre 2020 et 2021, j’ai eu l’opportunité de guider trois retraites de 10 jours dans le cadre de l’étude LONGIMED menée par Arnaud Poublan-Couzardot, sous la direction d’Antoine Lutz de l’Inserm. L’originalité de cette étude est d’avoir observé les effets de la méditation avant, pendant et après la retraite. Cette démarche de recherche in situ constitue une première par son ampleur et sa profondeur.
Les résultats de cette étude, publiés récemment, se concentrent sur divers aspects tels que la capacité attentionnelle, la gestion de la douleur, l’éclipse attentionnelle, etc. Durant ces retraites, chaque participant remplissait quotidiennement un questionnaire approfondi qui couvrait l’ensemble de leur expérience méditative.
Les effets observés sur la capacité attentionnelle pendant la retraite
Parmi les résultats, l’évolution notable de la capacité attentionnelle et de la qualité de la pratique au fil des 10 jours est particulièrement intéressante.
Trois phases clés observées durant les retraites de pleine conscience
- Première phase (jours 1 à 3 ou 4) : Durant les premiers jours, après une phase d’enthousiasme et d’effort apparaît systématiquement vers le 3ème jour une baisse de la qualité attentionnelle et de l’enthousiasme. Cela correspond à une phase d’ajustement marquée par la fatigue et les préoccupations personnelles, amenant souvent les participants à s’interroger sur leur choix initial de s’engager dans une telle expérience, à des somnolences et un état de fatigue accru.
- Deuxième phase (jours 4 à 8 ou 9) : À partir du quatrième jour, une nette amélioration de la capacité attentionnelle et une stabilisation de la pratique méditative apparaissent. Les participants rapportent une meilleure application des instructions, un plus grand détachement vis-à-vis de leurs pensées, et une capacité accrue à laisser être sans réagir, manipuler ou rejeter. C’est aussi la période où les participants vont faire des expériences plus profondes et quelquefois rencontrer des émotions plus intenses, ce qui peut amener un certain inconfort mais être également contrebalancé par une attention et une expérience de pleine conscience plus soutenue et plus ouverte. Un pic dans l’expérience est observé entre les jours 6 et 7.
- Troisième phase (jours 9 à 10) : À l’approche de la fin de la retraite, une nouvelle baisse de l’attention est souvent constatée, liée à l’anticipation du retour aux responsabilités quotidiennes, personnelles et professionnelles.
Conclusions de l’étude neuroscientifique sur les retraites de pleine conscience de 10 jours.
Ces recherches confirment empiriquement deux constantes observées par les enseignants expérimentés de mindfulness :
- La phase d’ajustement initial (jours 1 à 3 ou 4) : présente chez tous les pratiquants, indépendamment de leur niveau d’expérience et de la durée de la retraite.
- La phase de préparation au retour (jours 9 à 10) : une anticipation de la fin qui influence la qualité de la pratique méditative.
Ainsi, il devient évident qu’une retraite de 10 jours offre une expérience plus approfondie qu’une retraite plus courte (5 ou 7 jours), en raison de la présence de cette phase d’approfondissement essentielle entre les jours 4 et 8.
Recommandations pratiques pour les participants aux retraites de pleine conscience.
Il est important de communiquer ces phases aux participants, notamment au troisième jour, afin qu’ils comprennent que les difficultés rencontrées ne sont pas des échecs personnels, mais des étapes naturelles et communes. Cette prise de conscience allège souvent leur expérience et permet d’aborder ces moments avec davantage d’humour et de légèreté.
Perspectives futures : pratique de la méditation et neurosciences.
Cette première étude ouvre la voie à d’autres recherches prometteuses sur les effets neurologiques et psychologiques des retraites silencieuses de pleine conscience. À Euthymia, ces résultats renforcent notre conviction que l’expérience régulière et approfondie de la méditation mindfulness constitue un socle essentiel pour une pratique authentique et résiliente.
La thèse complète d’Arnaud Poublan-Couzardot est accessible ici : Consulter la thèse.